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L'activité viticole a été
rendue possible ici en raison du climat doux et de l'ensoleillement exceptionnel. A partir de 1934 certains cépages sont interdits à la vente (l'othello et le noah) puis l'arrivée du vin d'Algérie fait chuter les prix et des primes à l'arrachage sont données. Le vignoble de Rhuys a disparu mais, parfois, au détour d'un chemin, on peut voir encore quelques pampres de vignes.
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A Bénance, la vigne est encore présente le long des talus...
Un peu plus sur le vignoble de Rhuys
Quand donc la vigne arriva t elle en Bretagne ? On ne le sait pas précisément mais il est probable qu'elle ait suivi la conquête romaine. Elle a connu un essor avec le développement de la religion catholique (il est 650 fois question de vigne et de vin dans la Bible et la communion se faisait sous les deux espèces du pain et du vin). Les évêques eurent des vignes (certains seront dénoncés par Grégoire de Tours pour ivrognerie comme Eunius de Vannes !) mais le développement des vignobles sera surtout dû aux moines. Puis il y eut la vigne du duc et des nobles et, dernièrement, celle des paysans jusqu'à ce que le ministère de l'agriculture (S.C.E.E.S) n'enregistra plus, en 1986, qu'un seul déclarant en Morbihan pour 5 hl de vin rouge.
Où se trouvaient les premières vignes vannetaises? D'abord autour des villas et des voies de communication romaines, puis autour des abbayes. Elles se développeront plus tard sur les bords du Blavet, de l'embouchure de la Vilaine et surtout dans la presqu'île de Rhuys. Elle a été couverte de vignes à Saint Armel, au prieuré de Tascon (la vigne du Moine), au Roaliguen, au Treste, à Kerignard, au Palais, à Coëtquenault, sur la route menant de Saint Colombier au château ducal de Suscinio, au Matz et à Belle Croix, à Kerbot, à la frairie de Saint Martin, au manoir de Vertin, dans nombre de petits enclos... sans oublier la vigne des Cordeliers de Bemon et surtout les 30 ha de vignobles de Beausoleil et alentours appartenant à M. Gustave de Lamarzelle. C'est celui ci, qui possédant aussi des vignes en Charente, aura l'idée de distiller sa production à Keralier en 1886. Son exemple sera suivi à la Masse par son gendre M. Le Gallais, maire et conseiller général de Sarzeau, par M. Roussin de Coët Ihuel. Ces fines de Rhuys seront commercialisées par les frères Le Coze, les maisons Le Menais et Marin Paradis et surtout par M. Normand, beau frère de M. Roussin.
Ces petits vignobles auront beaucoup à souffrir à la fin du 19ème siècle de l'oïdium (1870) et aussi du mildiou (1878). En 1882, la presqu'île ne comptait plus que 713 hectares de vignes contre 1600 ha auparavant. Pourtant la surface remonte à 2064 ha en 1896, une année exceptionnelle avec des rendements atteignant même les 100 hl par ha dans les vignes, complantées en cépage folle blanche, du château de Kéralier.
L'arrivée d'un puceron dénommé phylloxera vastatrix portera un nouveau coup dur. Le puceron fut décelé pour la première fois en 1903 à la Lande du Matz. En 1914, il ne restera plus que 1464 exploitants viticoles dans le Morbihan, 922 en 1918 et 322 en 1920, selon le Ministère des finances. La production connaîtra une courbe tout aussi caractéristique : 636 ha en 1914, 317 ha en 1918 et 128 ha en 1920. Pour lutter contre le phylloxera on fit appel à des plants hybrides américains résistants, le plus souvent aramon, isabelle, othello, clinton ou noah (noë) qui seront finalement interdits en France par décret du 18 janvier 1935 comme néfastes à la santé. Mais le noah restait apprécié. En 1946, le directeur des services agricoles du Morbihan se plaignait auprès du préfet que la Fédération des syndicats agricoles défende les agriculteurs cultivant toujours 65 ha sur 260 parcelles dans le Vannerais. Selon le recensement de 1955, il restait toujours une bonne dizaine d'hectares de noah autour de Sarzeau ... soit presque la moitié de la superficie déclarée à cette époque pour le vignoble du pays de Rhuys !