Les marais salants en Rhuys

La presqu’île de RHUYS a été une zone importante de production de sel.

La production du sel s'est terminée en 1960 (en même temps que la vigne !)

Aujourd'hui, depuis 2003, avec l'aide du Conseil Général du Morbihan (propriétaire du site depuis 1978), l'or blanc fait son retour en presqu'île de Rhuys, dans les salines de St Armel. (voir)

Historique :

Le 29 octobre 1417

JEAN II duc de Bretagne créait les salines du DUER ( entre ST COLOMBIER et SARZEAU ) sur le golf du Morbihan.

Ce n’est pas la GABELLE (inconnue en Bretagne) mais les taxes diverses, droits de douane et loyers qui fournissent la trésorerie ducale.

En l’an 1448 le port de Rouen accueille 60 bateaux, tous Bretons, avec du sel de Guérande ou de Bourgneuf sans aucun doute, mais aussi du sel de RHUYS, bien que la consommation locale absorbait une grande partie de la production locale.

Au 16ème siècle, le sel est réclamé par les populations montagnardes, éleveurs de bétail, pour nourrir les animaux, saler leurs viandes et leurs cuirs.

Les populations maritimes des mers du Nord ( Scandinaves, Néerlandais, Ecossais, Anglais et Irlandais) qui possèdent d’énormes ressources en poissons mais sont baignées par des mers à faible salinité sont intéressées par cette production.

Ce commerce est encore plus actif depuis que, par un curieux hasard, les « Nordistes » ( protestants) ont à fournir les « Sudistes » (catholiques) en poissons salés pour les jours de carême.

 

Fin 16ème début 17ème

Les marais de BOURGNEUF sont envahis par la mer. Le sel Breton second dans le grand Ouest, remonte la Loire, couvre les ports Normands et remonte en Europe centrale.

En 1639 un voyageur, DUBUISSON-AUBENAY, décrit ainsi le château de SUSCINIO : «  il est situé sur la grande mer qui cy est au sud ou il a beau prospect et des salines »

Au pied du château ducal un village porte le nom de : LA SALINE, nom qui indique bien l’activité de ses habitants.

Il y a de bonnes années de production et des années sans grande activité, c’est suivant l’humeur du temps.

 

19ème siècle et après

En 1825, Le registre de la troque du sel de la commune de Sarzeau mentionne 312 personnes travaillant le sel, le volume de cette troque et pour cette année est de seulement 130 tonnes.

La « troque » ou « échange » : pour 100 kg de sel un saunier rapportait de son voyage 10 kg de froment, 20kg de seigle, 20 kg de mil, 30kg d’avoine et 20 kg de blé noir.

En 1850, 1000 hectares en salines et 10 000 tonnes de production.

Les registres paroissiaux mentionnent parfois le métier du père lors d’une naissance ou d’un mariage. Nous avons de nombreux paludiers, sauniers, saulniers-troqueurs, mais certains exerçaient tous les métiers et y compris celui de laboureur, sans doute en fonction des saisons.

La loi de 1840 qui libéralise la production et le commerce du sel, en enlevant toutes les protections locales va sonner la fin progressive des marais salants de RHUYS.

En 1848 l’institution d’une taxe sur le sel réduit les bénéfices et l’intérêt pour cette production.

La production artisanale et insignifiante continuera jusqu’en 1960

(les deux derniers paludiers travaillaient les marais de ST ARMEL et de BANASTERE)

L’activité salicole amène le contrôle et la création des douanes à sel à KERGLOMIRET-SUSCINIO, BANASTERE, BALANFOURNISSE et la plus importante celle de BELLE CROIX (qui existe toujours).

BELLE CROIX est la plaque tournante du contrôle du sel et la lande proche était le point de rassemblement de nombreux sauniers allant livrer leur sel en s’aidant de leurs mulets.

Il y avait un éleveur de mulets au village de LASNE en ST ARMEL.

Dans presque tous les villages « saulniers » habitaient des douaniers, d’abord très mal vus par la population, ils étaient presque tous étrangers à la région (dont beaucoup de Normands).

Ils furent attaqués, molestés, et l’un d’eux fut même assassiné dans le marais de Banastère.

Après son rattachement à la France en 1532 la Bretagne conserva son système fiscal, l’édit royal du 15 août 1532 déclarait : «  Nous voulons que les droits et privilèges que ceux du dit pays et duché ont eus par ci devant leur soient gardés et observés ».

Taille, Aide et Gabelle n’avaient donc pas été introduits en Bretagne.

Mais la contrebande se faisait sur les limites de la province avec le MAINE et l’ANJOU, pays de grande gabelle.

Sous Louis XVI on arrêtait en moyenne par an pour ce délit 2300 hommes, 1800 femmes et plus de 6000 enfants. Les peines : confiscation des voitures et des chevaux, galère, prison, bannissement ou pendaison

Les villages salicoles de RHUYS sont :

Sur l’océan

LE TOUR du PARC (ou débutait le « mur du roi » longue muraille qui fermait le parc de chasse du duc)

PEN CADENIC, PENVINS, LA SALINE.

Sur le golfe du Morbihan

NOYALO, ST ARMEL (création au début du 11ième siècle par les moines de ST GILDAS de RHUYS)

ST COLOMBIER, LE DUER (actuellement observatoire ornithologique)

TRUSCAT (dépendait du château)

KERBODEC, BENANCE, LE RUAULT, et BEAU SOLEIL( qui dépendait du manoir)

Les textes sont extraits du livre : LES SALINES DE RHUYS par l’association culturelle de Rhuys.

 

Fonctionnement :

Les marais salants (le terme « marais salants » est toujours au pluriel) sont un ensemble de bassins de faible profondeur, dans lesquels est récolté le sel, obtenu par évaporation de l'eau de mer, sous l'action combinée du soleil et du vent. Ils constituent une exploitation de type agricole, dont l'activité se nomme saliculture. Les personnes qui récoltent le sel des marais salants sont appelées des paludiers et ceux qui le transportent pour le vendre des sauniers.

Principe

L'eau de mer est conduite par gravité lors des marées moyennes et fortes (coefficient supérieur à 80) à travers un grand réseau de canaux (les étiers) jusqu'à des réservoirs ou bassins intermédiaires, appelés vasières, cobiers, fares et adernes. De là, elle est ensuite conduite dans les bassins de récolte, les cristallisoirs ou œillets. En saison chaude, tout au long de ce parcours, la salinité augmente régulièrement avant même l'entrée de l'eau dans les cristallisoirs.

Dans les vasières, profondes de plusieurs dizaines de centimètres, les matières en suspension se déposent par décantation, formant une couche de plusieurs centimètres par an, nettoyée durant la saison hivernale. En plus d'être un bassin de décantation, la vasière sert de réserve d’eau pendant l’entretien et la récolte (période de février à octobre).

Le cobier, moins profond (quelques centimètres), assure une décantation secondaire et permet d'entamer le processus d'évaporation proprement dit.

Les fares sont des pièces d’eau rectangulaires et permettent une augmentation importante du degré de salinité de l’eau.

Enfin, les adernes ont deux fonctions : poursuivre l’évaporation tout en stockant l’eau nécessaire au remplissage des œillets (elles permettent de réapprovisionner, en eau fortement chargée en sel, les œillets après une journée d’évaporation).

A partir de là, des canaux plus fins, les sauniers, alimentent en eau fortement chargée en sel des aires de cristallisation ou cristallisoirs, fréquemment appelés œillets ou aire saunante. Dans ces petits bassins rectangulaires généralement, la faible couche d'eau (inférieure au centimètre, de l'ordre de 5 mm en général) est favorable à son réchauffement et donc à son évaporation jusqu'à précipitation du sel. Les bords de l’œillet sont généralement plus creux (en pente douce sur les 50 premiers centimètres du bord) pour récupérer un maximum de fleur de sel car autrement il n’y a pas une épaisseur d’eau suffisante pour la récolte.

Dans les cristallisoirs, le sel est récolté sous forme de relativement gros cristaux précipitant au fond de la mince couche d'eau saturée. Le paludier peut aussi cueillir de la fleur de sel constitué de cristaux plus petits restant à fleur d'eau si les conditions sont favorables (présence de vent).

La production elle-même n'a lieu que de mi-juin à mi-septembre dans l'hémisphère Nord ; le reste de l'année étant consacré à l'entretien de la saline ou à sa préservation des intempéries par submersion par la mer.

Conditions de production

Un cristallisoir  (œillet) mesure de 20 à 100 m2. La surface des cristallisoirs représente une faible fraction de la surface totale de la saline.

De nombreux paramètres influent sur la production annuelle d'un œillet : elle est de l'ordre d'une tonne de sel.

Le savoir-faire du paludier (ou saunier suivant la région) repose avant tout sur l'exploitation optimale des conditions naturelles, surtout météorologiques. L'évaporation est accélérée par les facteurs suivants (par ordre d'importance) le vent, une épaisseur d’eau aussi faible que possible, le soleil, et la mise en mouvement de l'eau. En dehors de la période de production, le paludier a également une importante responsabilité dans l'entretien individuel et collectif de la saline. Ces divers investissements justifient souvent la recherche d'une reconnaissance quelconque de la qualité spécifique du sel produit.

Autour des marais salants pousse la salicorne: (appelée "cornichon du marais")

Cette plante charnue spontanée des terrains argileux, utilisée comme condiment ou légume frais pousse naturellement sur certains chemins et sur les bordures des marais à partir de mai . Son goût est remarquable et inoubliable.

Le cueilleur coupe la salicorne avec soin et méthode pour lui permettre de repousser et assurer d'autres récoltes de qualité jusqu'en août.

En septembre la salicorne mûrit, elle prend alors une teinte rouge.

 

Principales zones de marais salants en France 

Les textes sont extraits de Wikipedia