Saint Gildas de Rhuys

Nom breton Lokentaz Évolution de la population 1990 > 99 : 26 % 
Habitants  Gildasiens 1968 > 99 : 58 % 
Population 1999 : 1 436 habitants Rang 631 ème ville bretonne sur 1 498 (en nombre d'habitants)
Superficie 15 km² Code postal    56730

Densité de pop.94 hab./km²

 

Cette commune a pour origine une abbaye celtique, fondée par le Moine Irlandais Gweltas (Gildas) au VIème siècle

L'abbaye devient vite célèbre, et adopte la règle de St Benoît en 818. Elle devient prospère et accueille alors quelques 150 personnes. Au Xème siècle, elle est détruite lors des invasions normandes. A la demande du Duc de Bretagne, Geoffroy 1er, un certain Félix, moine de l'abbaye de St Benoît sur Loire la reconstruit.

Abélard, le célèbre philosophe et théologien du 12ème siècle, est élu abbé de Rhuys en 1125!              Voir  >>>>>>>  l'histoire d'Eloïse et Abélard

l'Abbatiale romane du 12ème siècle est l'un des rares témoignages de l'architecture romane en Bretagne.

 

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Classée monument historique, elle est chargée d'histoire et symbolise toute l'histoire de Rhuys, faite de renommées et de déclins.
Ce sont les vestiges de l'Abbatiale, reconstruite par Félix et l'importante suite de réparations et modifications qui leur furent apportées au cours des siècles, qui se présentent aujourd'hui à nos yeux.

St Gildas ne possède que quelques centaines de mètres de rivages sur le Golfe du Morbihan, la commune regarde le large.

Elle possède un petit port "Port aux moines"

Dolmen et croix de la pointe de Port aux moines

 

et de belles plages comme "les Govelins" ou "Port Maria"

Le Grand Mont constitue un merveilleux belvédère d'où l'on découvre, par temps clair, la baie de Quiberon dans son intégralité, depuis le Croisic jusqu'à Quiberon avec, en face, le rempart des îles. Pour cela sans doute, de tous temps, les Gildasiens furent marins plutôt qu'hommes de la terre.

 

L'escalier taillé dans le roc conduit à la fontaine de St Gildas

surmontée de sa statue.

 

 

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Héloïse et Abélard
Célèbres amoureux

Héloïse née en 1101, morte en 1162
Pierre Abélard ne en 1089, mort en 1142

Abélard était un poète philosophe, de famille noble qui est tombé amoureux de la nièce de 15 ans du chanoine Fulbert (prêtre a Notre Dame). Héloïse était une noble parisienne de l'haute aristocratie. Fulbert avait confié a Abélard l'éducation de sa nièce, mais n'était pas d'accord avec ses amours. Après avoir appris qu'ils étaient amoureux, il chasse Abélard de sa maison. Ils se sont  maries en secret, et Héloïse attend un enfant, en conséquence Fulbert a ordonne la castration d'Abélard pour l'éloigner d'Héloïse. Le seul moyen des amants  pour se communiquer étaient des lettres, Abélard dans un monastère et Héloïse dans une église de religieuses. C'est grâce a ses lettres que l'on connaît leur  histoire.  Ils ont décidé de dédier leur vies a Christ avec l'espoir d'être unis au ciel.  Pierre est mort 20 ans avant qu'Héloïse, pourtant ses restes sont mis 500 ans après dans la même tombe, et maintenant ils reposent ensemble  au Cimetière du Père Lachaise.

Par Annie Cazenave*

H éloïse et Abélard, ou l'histoire d'un amour passionnel entre une jeune fille noble et orpheline, nièce du chanoine Fulbert, et un maître renommé des Ecoles parisiennes. Liaison honteuse, irrecevable pour les mentalités du temps, en ce début du XIIe siècle. De cette union clandestine, au nez et à la barbe de Fulbert qui ne se doute de rien, naît un enfant prénommé Astrolabe. Lorsque l'oncle trompé découvre la vérité, il exige que les deux amants se marient. Abélard se retrouve dans une impasse : son état de clerc ne lui interdit pas de se marier, mais un tel acte nuirait considérablement à sa réputation. Le mariage secret a tout de même lieu. Mais la rumeur commence à circuler. Pour sauver la face et faire illusion, Abélard place Héloïse au couvent d'Argenteuil.

Argenteuil où le temps de l'absence sublime le désir. Le temps des messages, que chacun s'exalte à écrire et à recevoir. Le couple, dès le début, prend plaisir à cet échange, au point de s'adresser sous le même toit des tablettes de cire. Aux sept premières lettres déjà connues qui ont largement contribué à faire passer les deux amants à la postérité, viennent s'en ajouter cent seize autres aujourd'hui traduites.

Provenant de Clairvaux et conservé à la bibliothèque de Troyes, où l'a découvert un médiéviste allemand, un manuscrit unique contient une correspondance amoureuse, située par son auteur dans la première moitié du XIIe siècle en Ile-de-France, et copiée au XVe siècle par Jean de Woëvre. Souvent allusives, ces lettres s'épanchent parfois sans équivoque. L'homme, comblé, s'exclame : « Nous n'avons pas besoin de mots, puisque nous avons la chose à profusion », ajoutant que les lettres suppléent à la présence. Une autre fois, après avoir dit que le billet reçu d'elle attise son amour, il promet : « Je préfère te le prouver en actes que le démontrer en mots, je désire trop te voir, je me consume de désir. »

Le milieu culturel des deux personnages est à la fois religieux et littéraire. Sous leur plume abondent des images bibliques, prises surtout dans Le Cantique des cantiques, et des références au De amicitia de Cicéron, à la Pharsale de Lucain, et à L'Art d'aimer d'Ovide. La femme admire le maître, qui « déjà nourri au berceau de la philosophie, a bu à la fontaine de la poésie » ; l'homme s'adresse à « la seule disciple de la philosophie parmi les jeunes filles de notre temps ». Les deux personnages peuvent donc à juste titre être identifiés comme Héloïse et Abélard : « Les lettres en effet leur vont comme un gant ; il n'y a pas un seul détail, dans le cours des cent seize messages conservés, qui rende cette solution improbable... Cette attribution possède un tel degré de probabilité qu'il est à ce jour impossible de trouver une meilleure option », selon Ewald Könsgen. L'emploi d'un mot insolite le prouve : la femme écrit qu'elle désire « une gouttelette de connaissabilité », sciabilitas en latin. Ce mot abstrait, Abélard vient en 1117 de le forger. Qui d'autre qu'elle pouvait le connaître ? Ce même mot figure sur la stèle érigée par Héloïse sur la tombe d'Abélard : « cui soli patuit scibile quidquid erat », « le seul à avoir tout éprouvé du connaissable ».

Ces missives, non datées, s'échelonnent à l'évidence sur une longue durée. On incline donc à croire qu'elles ont été échangées durant toute la période des amours, et à les dater de 1116-1118, jusqu'à Argenteuil.

Argenteuil, et le drame. Car Héloïse voyait juste, il était inéluctable : les mentalités sont incompatibles. Abélard ne prête attention qu'au mépris des clercs pour le mariage, quand Héloïse appartient à une famille noble qui se juge déshonorée. Le secret ne répare pas. Abélard exige le mensonge, et donc Héloïse ment. Pour comble, une fois encore, elle disparaît. Lorsque les membres de la famille d'Héloïse découvrent enfin son refuge, leur colère les conduit à la méprise. Encore un outrage ! Un couvent ! L'endroit où les maris ont l'habitude de conduire leur femme lorsqu'ils veulent s'en débarrasser. Ils passent aux représailles, soudoient un serviteur et engagent un châtreur professionnel. De nuit, le serviteur ouvre la porte, l'homme va à la chambre où dort le maître, ses aides le maîtrisent, et il le castre. Pour achever la vengeance, le bruit se répand aussitôt et au matin les curieux s'assemblent devant la porte, ses élèves se lamentent, leurs cris le torturent, la honte le tourmente plus que sa blessure.

La victime porte plainte, châtreur et serviteur subissent la loi du talion : ils sont châtrés, et pour faire bonne mesure, ont l’œil arraché. Mais les exécutants paient pour les commanditaires. Ce geste est un crime d'honneur commis par un clan. Quand Abélard accuse l'oncle, il lui reproche d'avoir été solidaire des siens sans comprendre ses scrupules de clerc. Mais Fulbert disculpé garde toute la tendresse d'Héloïse puisqu'il figure dans l'obituaire (registre des défunts) du Paraclet.

Mutilé, le maître va se cacher à l'abbaye de Saint-Denis et, ses plaies cicatrisées - au corps mais non à l'âme -, revêt l'habit bénédictin. Le même jour, Héloïse prend le voile à Argenteuil... Cependant, la brutalité de l'attentat a dû nuire à son prestige et encourager l'audace de ses ennemis, car il ne cesse depuis ce moment de recevoir des coups. Il les attire par sa lucidité d'esprit et son caractère atrabilaire sans doute aggravé par la mutilation. Il se rend indésirable à Saint-Denis, s'évade, se réfugie à Provins, obtient enfin la permission de quitter l'abbaye.

Abélard est libre, et seul. Des amis champenois lui donnent une terre, sur les bords de l'Ardisson, où il élève un oratoire. Mais il ne reste pas longtemps ermite. Ses étudiants, dès que sa retraite est découverte, accourent, construisent autour de l'ermitage de petites maisons de chaume et de roseaux, et lui font reprendre ses cours. La vie commune s'organise en une sorte de campus autogéré. A l'origine, donc, des abris provisoires, aucun projet, pas d'argent, pas d'architecte. Une vie d'étude, austère, sous le patronage de l'Esprit Saint, le Paraclet.

Mais l'indépendant reste suspect. Le comte Conan de Bretagne pense le sauver en le faisant élire abbé par les moines de Saint-Gildas-de-Rhuys. Tout autre que lui aurait été satisfait, lui est horrifié : ses moines sont grossiers, ignares, concubins, et surtout n'ont que faire de ses sermons. Un an plus tard, en 1129, un événement survient, qui lui offre une issue imprévue. Suger, muni d'une charte opportunément exhumée, chasse d'Argenteuil - qu'il dit appartenir à Saint-Denis - les moniales et Héloïse leur prieure ; ce geste s'apparente fort à une revanche prise sur l'épouse des ennuis causés par le mari. Celui-ci a l'art de retourner la situation à son avantage. Il installe les expulsées au Paraclet, où il peut ainsi revenir à son gré. Ces visites lui rendent supportable Saint-Gildas. Mais les voisins champenois s'émeuvent, la rumeur enfle, cruelle pour un castré, l'empêche désormais d'y séjourner.

Cloîtré dans son abbaye bretonne, il y affronte des moines révoltés. C'est alors, en 1136, qu'il rédige le récit de ses malheurs passés et trace un tableau effrayant de ses tribulations. Héloïse apprend, horrifiée, la vie qu'il endure, lui écrit, et sa lettre entrelace l'angoisse devant sa mort et le rappel des délices passées. Elle va, elle aussi, à l'essentiel : s'il périt, elle veut sa dépouille. Et, s'écriant « jamais je n'ai cherché en toi que toi », elle lui redit son amour. Ses lettres du Paraclet, évoquant la brûlure du souvenir, reprennent les mots des lettres d'autrefois, lues et relues. Il répond, en moine écrivant à une abbesse. Elle insiste, en vain. Seule la prière composée pour elle laisse percer ses sentiments : « Vous nous avez unis, Seigneur, et vous nous avez séparés quand et comme il vous a plu... ceux que vous avez séparés l'un de l'autre dans le monde, unissez-les à vous pour l'éternité. » Maigre consolation. Elle le sait. Abélard, de nouveau condamné en concile, sur le chemin de Rome meurt à Cluny le 21 avril 1142.

* Médiéviste, Annie Cazenave est spécialiste de la philosophie au temps d'Abélard, des cathares et des images au Moyen Age